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Martha Diomandé, une vie engagée

Conférencière spécialiste de l'excision, fondatrice de l'association ACZA, chorégraphe, artiste danseuse.

 

 

Fille et petite fille de matrones (exciseuses), Martha Diomandé, s'est faite exciser à l'âge de 8 ans. Elle était d'ailleurs elle-même prédestinée à devenir matrone dans le village de Kabakouma, perché sur les montagnes dans le nord-ouest de la Côte d'Ivoire,  zone encore très fortement touchée par la pratique. Son destin sera tout autre...

Passionnée par la danse depuis l’âge de 9 ans, elle devient rapidement une danseuse et chorégraphe reconnue. Elle intègre et crée plusieurs compagnies tout au long de son parcours (Djolem, Lakimado, Wassa, Corps Ivoire...) et saura utiliser son art de façon subtile pour décrire, dénoncer ou faire prendre conscience de certaines réalités sociales qui touchent l'Afrique au sens large. 

Martha a quitté son pays, et s'est créée une nouvelle vie en terre bretonne. Toujours rythmée par la danse, les créations et la transmission de son art, sa vie est aussi désormais marquée par la promesse qu'elle s'est faite : éradiquer la pratique de l'excision en commençant par la région la plus touchée de Cote d'ivoire, Tonqpi, et s'etendre à travers le pays et l'Afrique, dans le respect des traditions. Une promesse pas facile à tenir d’autant que c’est une tradition qui structure en profondeur le groupe des femmes et leurs relations avec les hommes.

 

« L’excision ne se combat pas avec des armes »,

rappelle souvent Martha. Il faut se montrer stratège, avancer ses pions avec prudence sans heurter le village ni ses croyances et traditions. 

 

C'est ainsi que Martha utilise chaque jour sa propre expérience et la connaissance profonde des traditions et cultures de l’Ouest de la Côte d’ivoire, pour identifier les différents éléments à prendre en compte pour permettre l’arrêt ou la diminution de l’excision dans cette partie du pays. Elle propose une approche différente pour éliminer cette pratique, approche mise en oeuvre par l'association ACZA. Cette dernière reconnait aux matrones, le droit de mener leur propre réflexion, de parcourir leur propre chemin de prise de conscience des dangers de l'excision, grâce aux actions menées par l'ACZA, et qui ouvre la voie d'un arrêt pérenne et conscient  de la pratique dans l'ouest de la Côte d'Ivoire. Suite à la construction de maisons des femmes, à la sensibilisation des femmes par la formation et au projet de parrainage, une majorité des matrones sont converties et ne pratiquent plus l'excision, et une diminution du nombre de petites filles excisées a été constatée. Le projet se poursuit aujourd'hui dans la région du Tonkpi. et les associations de femmes sont réunies au sein d'une fédération. le projet vise à s'etendre sur toute la Côte d'Ivoire.

En parallèle, Martha s'investit aujourd'hui fortement en France et en Côte d'Ivoire dans l'accompagnement des femmes excisées.

Intervenante reconnue sur le sujet, intervient sur son engagement, son expérience sur le terrain et la méthode qu'elle à développée à travers des conférences qu'elle donne en Europe ou encore en Afrique. 

Cela fait aujourd'hui plus de 15 ans que l'excision est pour Martha le combat et l'engagement d'une vie entière.